Avril 1912 / La consécration
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Fin mars 1912, alors que l’Olympic est déjà en service, les travaux d’aménagements du Titanic touchent à leur fin. Les essais en mer du paquebot, prévus pour le 1er avril, sont finalement reportés au lendemain pour cause de mauvais temps. Le 2 avril, le Titanic quitte donc son quai pour sa première sortie en mer.

Evidemment, Thomas Andrews se trouve à bord avec toute son équipe technique et, à la fin de la journée, lorsque le bateau retourne à Belfast pour débarquer les passagers ne voyageant pas jusqu’à Southampton, il reste à bord pour accompagner le Titanic. Sans le savoir, c’est la dernière fois qu’il voit la ville de Belfast. Le matin même, il a dit au revoir à son épouse et sa fille de deux ans, qu’il ne doit pas retrouver avant au moins un mois, le temps d’accomplir la traversée aller-retour jusqu’à New York.

Quand le Titanic arrive à Southampton le lendemain, il lui reste tout juste une semaine avant d’entamer son premier voyage. Une atmosphère de frénésie s’installe donc dans les coursives rutilantes du navire car, bien que la construction et l’aménagement général aient été achevés avant son départ de Belfast, quelques finitions restent encore à terminer, comme par exemple les dorures sur métal, réalisées par une équipe française de Besançon.

De plus, des tonnes de marchandises doivent encore être chargées dans les cales, alors que l’équipage a pour mission de se familiariser avec les installations innovantes du Titanic et de s’adresser aux membres du Groupe de Garantie en cas de difficulté. Jusqu’au 10 avril, la principale occupation de Thomas Andrews est donc de superviser les travaux de finitions et de former l’équipage. Pendant ces quelques jours passés à Southampton, il assiste certainement à de nombreuses réunions avec son équipe, avec les officiers du Titanic ou les dirigeants de la White Star Line.

C’est d’ailleurs lors d’une réunion de ce type avec Bruce Ismay, avant la construction du navire, qu’il a eu la fâcheuse idée de d’expliquer que ses compartiments étanches allaient rendre le Titanic « pratiquement insubmersible ». Plus tard, cette phrase a été reprise à des fins publicitaires par le président de la White Star Line, qui a omis le « pratiquement », créant le mythe de l’insubmersibilité du paquebot. Il faut pourtant remarquer que le constructeur du Titanic n’a jamais prétendu que celui-ci ne pouvait pas couler.

Dans sa dernière lettre à sa femme, Thomas Andrews exprime sa satisfaction vis-à-vis du nouveau navire : « Le Titanic est maintenant presque terminé et je pense que la réputation de la firme va être assuré après cette traversée. » Malgré tout, après le 10 avril, jour du départ du paquebot, il a conscience que sa tâche n’est pas encore achevée. Pendant la traversée vers New York, il continue à aider les membres d’équipage à se familiariser avec leur nouveau support de travail, tout en sillonnant le bateau, un carnet de notes à la main, à la recherche de la moindre imperfection qui aurait pu lui échapper auparavant.

Il remarque ainsi que le mobilier d’osier des ponts couverts doit être repeint en vert, que les parois des ponts promenades privatifs doivent être éclaircies et que les dimensions du salon de lecture pourront être réduites pour faire place à des cabines de première classe supplémentaires. Toutes ces modifications doivent être effectuées ultérieurement sur le paquebot lui-même, à la faveur de travaux d’entretiens, mais également sur le dernier né de la classe Olympic, le Gigantic, qui vient d’être mis en chantier.
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Le Titanic quittant Belfast (en haut) pour Southampton

La cabine de première classe qu’il occupe pour ce voyage, la numéro A-36, est l’un des ajouts de dernière minute qu’il a demandés. Cette cabine ne figure d’ailleurs pas sur les plans promotionnels du navire réalisés au mois de janvier 1912. Elle a été ajoutée, avec la cabine A-37, au moment où le pont promenade a été équipé de baies vitrées. En effet, lors de son voyage à bord de l’Olympic, Andrews avait remarqué que les passagers étaient incommodés par les embruns lorsqu’ils se trouvaient sur le pont A. Il a donc pris la décision de les faire fermer par des fenêtres.

Cependant, malgré toutes ces petites imperfections, que son œil seul est habilité à remarquer, Andrews déclare à un passager pendant la journée du 14 avril que le Titanic est « aussi parfait qu’un cerveau humain puisse l’imaginer. »

Violet Constance Jessop, femme de chambre d’origine irlandaise et visiblement admiratrice de la personnalité de Thomas Andrews, nous a laissé un témoignage sur son comportement au cours du voyage : « Pendant notre service, nous rencontrions souvent notre architecte bien-aimé, qui circulait discrètement, le visage fatigué mais l'air satisfait. Il ne manquait jamais de s'arrêter pour dire un mot joyeux, son seul regret étant que “nous ne cessions de nous éloigner de chez nous.” Nous connaissions tous l'amour qu'il avait pour cette maison irlandaise qui était la sienne et soupçonnions qu'il était impatient de retrouver la paix de son atmosphère pour un repos bien mérité et oublier la conception des navires pendant quelque temps. »

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Il faut pourtant remarquer que le constructeur du Titanic n’a jamais prétendu que celui-ci ne pouvait pas couler"
Il a peut-être voulu rétablir la vérité mais la White Star Line a du l'en empêcher. Revenir sur ce qu'il a soit disant affirmé aurait été une très mauvaise publicité.

Anonyme a dit…

il savait tres bien qu'il pouvait couler!
et malgré ses précieux conseils...on ne l'a pas écouté